Valparaiso, de l’apogée portuaire à la révolution socioculturelle

 

 

« On ne connait pas le monde si on ne connait pas Valparaiso » disait Pablo Neruda, poète et politicien, prix Nobel de littérature en 1971. Il serait dommage de visiter cette ville sans s’intéresser un temps soit peu à son histoire.

 

Du haut de ses 45 collines, Valparaiso domine sa baie et son port industriel, qui fut jusqu’en 1914 un point de passage incontournable pour les navires voguants depuis le Cap Horn jusqu’en Californie. Le canal de Panama en décida autrement. Aujourd’hui, même si les containers fleurissent au gré des allées et venues des cargos, la ville ne bénéficie plus de l’essor économique du pays.

 

La privatisation de la côte chilienne n’y est pas pour rien, offerte aux mains de 5 entreprises par le gouvernement de l’après dictature, la Concertation. Les arguments d’augmenter les salaires et de mieux nourrir la population portuaire sont désormais bien loin. En guise d’illustration, le Chili est la 5eme région la plus productrice de produits de la mer, mais les chiliens n’en mangent que 7 kilos par an et par personne. A côté, l’Espagne et le Japon consomment de 35 à 50 kilos.

 

Que reste-il à Valparaiso aujourd’hui? Sa fierté culturelle et son âme bohème, révolutionnaire. La ville, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO est le théâtre de peintures murales et autres graffitis. Mélange original témoignant d’une fracture sociale oppressante, ces œuvres sont un moyen pour la population d’exprimer leurs sentiments et leur vision des choses. La peinture murale est devenue un métier à part entière.

 

 

Valparaiso est un véritable musée. Un certain Mauricio Araya commence un livre explicatif de cette « œuvre » urbanistique, cherchant à percer le côté mystique et les raisons sociales de ces dessins.

 

 

 

 

 

Ses maisons colorées à perte de vues, ses vallons mais surtout ses vieux funiculaires toujours en fonctionnement lui donnent un caractère poétique unique dont Neruda s’est beaucoup inspiré. Du haut de « la Sebastiana », il contemplait les collines ainsi découpées et l’océan pacifique « venu à ses pieds car personne n’en voulait ». D’abord sénateur de la région de La Serena au nord de Santiago, il s’exile clandestinement en Argentine en 1952, puis au Mexique et en Italie. Neruda revient en 1966 pour soutenir le gouvernement populaire socialiste de Salvador Alliende.

 

 

 

Symbole de résistance, Valparaiso n’en est pas moins le point de départ du coup d’Etat de septembre 1973, quand la marine nationale prend le port puis la ville d’assaut, sous les ordres d’Augusto Pinochet. Le congrès se voit déplacé de Santiago à Valparaiso, éloignant les politiques du pouvoir autoritaire de la capitale. Aujourd’hui, certains verraient bien revenir le pouvoir législatif en sa capitale…

 

 

Que dire enfin du mouvement étudiant chilien, qui prit sa source ici même en 2011, sous l’aile de sa représentante Camilla Vallejo, véritable icône, luttant pour une éducation publique pour l’instant inexistante au Chili. Pour beaucoup d’étudiants, c’est une année complète qu’ils ont sacrifiée.

 

 

 

 

 

Valparaiso est un livre ouvert, « rempli de magie, mais aussi de réalités sociales et de pauvreté ».

 

Merci à Monique et à Mauricio pour leur accueil et tout l’enrichissement qu’ils nous ont apporté.

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

 

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8 réflexions au sujet de « Valparaiso, de l’apogée portuaire à la révolution socioculturelle »

  1. Bonjour Maxime, bonjour Mathieu,

    maxime, Ca fait un bail depuis ta fameuse prestation à l’un de tes nombreux pots de départ à Climespace.
    J’espère que tou va bien de l’autre coté de l’Equateur, là où le soleil brille sur les grands espaces quand ici on se refile la grippe dans les méandres de la ratp.
    J’ai lu vos premiers reportages. C’est très profesionnel. Peut être qu’une vocation d’écrivain globe-trotter est née…
    je vous souhaite pleins de dévouvertes et de réussites pout la suite de vos pérégrinations.
    Pour finir une citation d’un certain Marcel proust qui disait :
    « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »

    Atentamente

    Adnan

    « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » (Marcel Proust)

    • C’est vraiment sympa de ta part Adnan! J’espere que vous parlez de temps en temps d’Alternavista a la pause café!
      Je me souviendrai de cette citation!
      A bientot!
      Max

  2. Hola chicos!

    Vos photos et vos films sont tout simplement splendides! À chaque fois j’en ai des frissons! C’est un plaisir de vous lire, j’ai l’impression que vous comprenez particulièrement bien la culture des pays que vous traversez, dans sa complexité même! Bonne route et à dans un mois! Un besote

  3. Hello Maxime,
    Je vois que notre mi Adnan le philosophe est passé par là !
    Tout semble aller bien pour toi ! profites bien de ce fabuleux voyage que je suis
    pas à pas …
    Bisous

  4. Je suis de plus en plus surpris et étonné de la beauté et la qualité de vos images.Merci de nous faire partciper à toutes ces merveilles.Valparaiso, un musée formidable et quel plaisir de monter les marches pour entendre leur musique.Quelle maitrise pour les peintres pour faire du beau avec du vieux.Merci à vous deux et chapeau. Papy Paul

  5. Ping : Carte Postale de Valparaiso | Newdavid's Blog

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