Nuestras Huellas : Quand la finance solidaire rencontre l’éducation populaire

Midi, le chauffeur de bus nous dépose sur l’avenue principale du quartier de Don Torcuarto, une banlieue nord de Buenos Aires. Les bureaux de Nuestras Huellas ne sont pas loin, où sommes accueillis par son directeur Nicolás Meyer. Nous partageons quelques empeñadas locales dans le jardin de la petite bâtisse. C’est avec un enthousiasme certain que Nicolás nous présente son organisme.

 

Fondée en mars 2007, Nuestras Huellas est une association civile à but non lucratif. Son nom « Nos empruntes » reflète l’idée de se réapproprier les mécanismes de finances de manière plus solidaire. Selon Nicolás, la finance est un monde qui peut « paraitre abstrait et éloigné de la réalité ». Ainsi, l’équipe de Nuestras Huellas propose des programmes de finances solidaires dans les quartiers populaires du nord de Buenos Aires, en développant des outils de formation continue.

 

Ce cocktail de micro finance et d’éducation populaire a donné naissance au programme clé de Nuestras Huellas : Les banques communales.

 

Une banque communale, composée au minimum de 7 personnes, est une organisation de quartier gérée de façon autonome. Ces associés doivent tous être auto-entrepreneurs, seule condition imposée par Nuestras Huellas. Dès lors, chacun reçoit un crédit de la part de Nuestras Huellas qu’ils peuvent investir dans leur activité ou utiliser pour améliorer leur qualité de vie (crédit à la consommation). La garantie est solidaire ce qui incite les membres à se regrouper entre personnes de confiance.

 

Les taux d’intérêts sont de 5% par mois soit 60% par an. Cela peut paraître élevé mais les prêts accordés se remboursent sur une moyenne de 4 mois. On parle alors de micro-crédit.

 

Parallèlement, Nuestras Huellas a une activité de formation, avec deux objectifs principaux : l’autonomie financière et l’autonomie de gestion. Ainsi, l’association incite les membres à épargner une somme qui peut ensuite être prêtée à d’autres voisins. Ils créent alors leur propre ligne de crédit. A la fin du premier cycle de remboursement , les membres se réunissent avec un coordinateur et analysent le bilan financier. En fonction de l’épargne prêtée, ils se partagent les taux d’intérêt et définissent les nouvelles orientations (demandes de nouveaux prêts). Après plusieurs cycles, la banque s’autonomise et devient indépendante de Nuestras Huellas.

 

Chiffres clés :

 

Après 5 ans d’activités,Nuestras Huellas accompagne plus de 120 banques communales, dans plus de 42 quartiers. Au total, ces banques détiennent 150 000 € ( soit un peu plus de 1000€ par banque en moyenne). Nuestras Huellas permet à 1200 personnes d’accéder au crédit direct et touche 900 autres voisins indirectement par les crédits dérivés. Un chiffre clé, 95% des associés sont des femmes.

 

Sur les 23 personnes qui travaillent pour Nuestras Huellas, la moitié sont des coordinateurs de quartier, qui ont eux mêmes été associés dans une banque communale. Ainsi, les formations sont basés sur l’expérience, le partage et l’écoute des associés. Nuestras Huellas incite à la réflexion de groupe et au dialogue pour parvenir à la résolution des conflits d’intérêts qui peuvent malgré tout survenir. Une méthodologie centrée sur la démocratie participative au sein de la banque.

 

Nuestras Huellas travaille en parallèle avec les réseaux de communication de quartier afin de renforcer les liens entre producteurs et consommateurs, développant ainsi le commerce local.

 

A l’échelle nationale, l’association fait aussi partie du réseau ENESS (Espacio National de Economía Social y Solidaria) qui regroupe les organisations de l’économie solidaire et sociale dans l’espace régional MERCOSUR (Mercado Commun del Sur, espace d’échanges commerciaux  entre les pays d’Amérique du sud).

 

Evolutions à venir:

 

L’équipe s’est posée la question de se développer dans d’autres villes du pays en créant d’autres agences. Après réflexion, ils ont préféré transmettre leur expérience à d’autres organisations pour faciliter la création de ce type de projet. Pour cela Nicolás organise des formations publiques dans plusieurs villes d’Argentine et au Paraguay.

 

Enfin, Nuestras Huellas participe à un programme visant à développer une banque éthique à l’échelle nationale. 15 organisations sont impliquées et travaillent actuellement sur le cadre juridique.

 

Pour plus d’informations (et en français!) : http://www.nuestrashuellas.org.ar/findex.html

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

 

« Porter un regard nouveau sur les solutions alternatives qui nous entourent »

porter un nouveau regard sur le monde qui nous entoure

Alternavista est née d’une envie forte d’apprendre des solutions alternatives au développement économique, social et écologique actuel.

Ces solutions, elles sont testées et mises en œuvre tous les jours par des hommes et des femmes décidés à prendre leurs responsabilités en tant que citoyens. Ces solutions, elles passent par un fort engagement et un partage de valeurs autour de ce que nos élites ont nommé le développement durable. Enfin, ces solutions sont majoritairement des initiatives à l’échelle locale, humaine, car c’est la seule dimension qui met l’homme dans une relation de proximité avec son prochain. Mais ces solutions, quelles sont-elles ? Quelle est la raison de leur existence ? Qui sont ces hommes et ses femmes à leur origine ? Comment sont-elles gérées ? Quelle est leur influence sur leur « territoire » ? Quel est leur impact sur le développement local des populations ? Quels sont les moyens mis en œuvre ? Avec quelle aide de la part des pouvoirs publics ? Toutes ces questions, nous nous les posons aujourd’hui, et nous pensons que le seul moyen d’y répondre, c’est en allant à la rencontre de ces acteurs du changement . Et c’est ce que traduit notre projet « Porter un regard nouveau sur les solutions alternatives qui nous entourent ».

Le grand débat du local contre le global peut donc commencer. Alternavista ne réfute en aucun cas notre système de développement actuel. Au contraire, Alternavista est là pour éclairer les solutions innovantes, qui doivent se positionner en contre poids dans notre société mondialisée. Multiplier les initiatives revient à remettre l’intérêt général au centre des modèles de développement. C’est un moyen pour les citoyens d’exprimer leurs opinions et leurs valeurs, vecteurs d’épanouissement dans nos vies respectives. En agissant sur ce qui nous entoure, nous nous offrons ce qu’il y a de plus universel, nous créons. Facile à dire, facile à faire ? Nous espérons apporter des pistes au travers de nos rencontres.

En référence à nos confrères les « Cré’Alters », créer est un acte citoyen :

« Les Cré’Alters placent la notion de créativité au cœur de leur projet associatif. Souvent assimilée au domaine artistique, la création englobe pourtant des champs bien plus vastes : scientifiques, technologiques, mais aussi dans notre quotidien. Créer, implique de prendre conscience du monde dans lequel on vit, saisir ses possibilités de modulation et le rôle que peut jouer le citoyen dans ce processus de changement. En cela, l’association les Cré’Alters considère la création comme un acte citoyen majeur. »

Pour en savoir plus : http://lescrealters.osthanes.fr/

Pour ne pas vous perdre dès notre premier article, voici des exemples d’initiatives dont nous voulons apprendre et que nous voulons valoriser :

1)      Les banques communautaires, porteuses de microcrédits pour les auto-entrepreneurs souhaitant  se lancer dans une activité, et développant des monnaies sociales locales favorisant le commerce de proximité, en termes de production et consommation. La transparence de l’argent au service du développement local.

Pour plus d’informations : http://www.taoaproject.org/. Le prochain article sera aussi dédié à une explication plus précise du système.

2)      Les jardins collectifs partagés, une solidarité qui redonne de la valeur au travail de la terre et aux produits issus de l’agriculture biologique. La dimension sociale et écologique est prédominante, l’emploi dans le respect et la préservation de son milieu environnemental.

Pour plus d’informations : http://lescrealters.osthanes.fr/

3)      Les organisations de l’éducation populaire, quand la communauté reprend le dessus sur les savoirs primordiaux comme la connaissance des ressources naturelles de son territoire, de son exploitation et des revenus à en tirer. Bénévoles, « retraités », s’organisent pour regrouper leur savoir et transmettre aux nouvelles générations.

4)      Les formes du tourisme solidaire, caractérisées par des expéditions et des activités organisées par les populations sur leur territoire, et dont tous les bénéfices leur reviennent. Des expériences aux antipodes de l’exploitation abusive des populations locales aux profits des grands complexes balnéaires.

Pour plus d’informations : http://ddias.canalblog.com/

5)      La coopération internationale, un moyen pour des association locales et étrangères de travailler main dans la main afin de développer des structures locales et d’améliorer les conditions de vie des populations sur place.

La liste est non exhaustive et verra, au fil des rencontres, de nouvelles catégories se greffer.

L’économie solidaire et sociale tout comme le développement durable est en passe de devenir un modèle de développement pertinent et efficace. Une démarche globale de sensibilisation se met en marche au travers de plusieurs réseaux, dont nous sommes désormais acteurs. Soyez les bienvenus, découvrez nos actions et profitez des liens extérieurs pour vous documenter au mieux. Bon voyage !