San Cristobal de las Casas : Organisation sociale à l’échelle d’une ville

 

L’histoire de San Cristobal est liée à ses communautés indigènes. Dès 1969, l’évêque Samuel Ruiz fonde l’organisme DESMI (Desarrollo Economico et Social de los Mexicanos Indigenas), avec un objectif clair : Sortir les peuples indigènes de l’isolement et la pauvreté. Ils subissent alors une très forte discrimination, allant jusqu’à la non-reconnaissance et le non respect de leurs droits humains les plus aliénables. Défenseur de la théologie de la libération (consistant à libérer les plus démunis de leurs conditions de vie intolérables), l’évêque Ruiz se lance dans une quête de ressources extérieures, afin de résoudre les besoins de la population, de l’accès à l’eau potable aux soins cliniques.

 

Depuis 1979, DESMI est désormais une association civile et poursuit son propre chemin indépendamment de l’Eglise. L’organisation soutient des projets de travail collectif, tout comme l’autodétermination des communautés ayant leur propre idée de développement.

 

Même si l’effectif a diminué de 50% en 10 ans, DESMI s’attache à valoriser la formation de plus de 300 communautés autour de la solidarité dans la production agro-écologique. DESMI intervient notamment dans la commercialisation du café des communautés zapatistes au sein du commerce équitable. Même détaché de l’Eglise, DESMI voit ses fonds solidaires provenir essentiellement d’organismes religieux. On notera l’aide du Comité Catholique Français contre la faim et de l’organisme allemand Pan para el Mundo (traduction espagnole).

 

Aujourd’hui, la coordinatrice Maria Estrella Busco reste optimiste dans le maintien des activités de DESMI. Les fonds sont sur le déclin suite à la crise et aux nécessitées plus urgentes des pays africains. « Le Mexique n’est plus vu comme un pays sous-développé, mais cette année, nous avons enregistré une augmentation de 12 millions de personnes en situation de pauvreté alimentaire supplémentaire ».

 

L’alimentation de base des mexicains est le maïs, denrée normalement accessible par tous… Avant que le Mexique ne devienne dépendant de la production de maïs transgénique à faible coût provenant des Etats-Unis. De plus, l’arrivée des biocarburants transformés à partir de la plante n’a fait que grimper le prix du marché, provoquant une véritable « crise du maïs ». Nombreux sont les petits producteurs du Chiapas qui ont déserté leurs parcelles rurales, du fait de la main mise des industriels sur le marché. Une loi vient même de passer récemment au parlement mexicain, autorisant désormais la production OGM dans les Etats du nord du pays.

 

Il en faut plus pour vaincre San Cristobal. Pour revaloriser la culture locale du maïs, Luz Del Carmen Silva Perez travaille avec 33 femmes de San Cristobal de las Casas au sein de l’organisme Mujeres y Maiz sur sa transformation et sa commercialisation sous forme de tortilla (galette de mais).

 

Aujourd’hui, Mujeres y Maiz achète sa production uniquement à l’échelle locale en provoquant la transition biologique des cultures des petits producteurs. « La hausse du prix ne facilite pas cette transition, car ces producteurs n’ont pas encore la confiance nécessaire dans les techniques agro-écologiques, et ils ont aujourd’hui peur de perdre leur maigre récolte ».

 

Pour augmenter la production locale et saine, Luz Del Carmen cherche à motiver la consommation locale. A long terme, l’objectif est d’établir des partenariats exclusifs entre l’organisation et les producteurs ayant une part organique. Les garanties d’achat sont vectrices de production.

 

En attendant, l’association Mujeres et Maiz fait partie du réseau de producteurs et consommateurs Comida Sana y Cercana (Nourriture saine et proche). Véritable marché responsable, il permet de regrouper la production locale garantissant son propre label.

 

Hector Moguel est un de ces producteurs à la volonté inébranlable. Il défend le fait que les produits locaux doivent être sains et ne pas coûter plus cher. « Au supermarché, on ne sait pas toujours d’où proviennent les produits, et les conditions d’acheminement ne sont pas les meilleures pour les produits frais ».

 

200 familles s’alimentent dans ce circuit court créé par 30 producteurs. « Il y a beaucoup de gens qui viennent le week-end, même si nous changeons souvent de lieux. Au final, les gens nous connaissent sous la forme d’un réseau et non de producteurs organiques isolés ».

 

Avec l’aide du centre de recherche EcoSur, les producteurs ont mis en place une certification participative, à laquelle les consommateurs peuvent même participer. « Chacun a sa manière de travailler, mais nous gardons une ligne commune autour de la production biologique et la diversité dans les produits. On regrette par exemple que la certification Certinex n’ait des exigences que sur le volume et non la diversité ». Ainsi, des groupes d’investigateurs hétéroclites passent en revue les plantations de chacun. On y étudie la nature des produits, et on oriente les producteurs vers la diversité. La participation des consommateurs renforce ce lien de proximité et garantit un label local reconnu.

 

La coopération, c’est une manière d’avancer plus vite dans l’intérêt général. Encore une notion que le Taller Leñateros (littéralement L’atelier des bûcherons) a compris avec en plus une dose débordante de créativité. Cet atelier coopératif est né d’une idée qui nous parait aujourd’hui simple: Recycler le papier. Mais en 1975, auriez vous pensé à récupérer le papier du tout San Cristobal pour le revaloriser sous formes diverses? De l’idée d’Ambar Past, américaine expatriée à l’origine du projet, le Taller Leñateros propose aujourd’hui son style local au monde entier. « Paradoxalement, l’atelier est plus connu à l’étranger! » nous commente Ambar.

 

Sur place, le routard recommande de venir visiter ce monde bien particulier. On y découvre les étapes de la refrabrication de la pâte à papier, en passant par l’impression à l’ancienne dont Gutemberg serait fier, à la finition des livres.

 

Ici, le livre phare se nomme Bolom Chon. Arrivé en 2007, il raconte le folklore musical et artistique de la communauté indigène Tzotzile. Très populaire au Chiapas, il est en ce moment en processus de traduction en langue arabe. A l’heure où nous passions, l’atelier concentrait ses forces sur la finalisation de 100 livres. 2 semaines et 11 personnes à temps plein étaient alors nécessaires. Au total, plus de 250 familles travaillent en orbite autour de la coopérative, fournissant les fibres naturelles, les fleurs, tout en ayant leur propre activité en parallèle.

 

Preuve que le recyclage est à son paroxysme à San Cristobal, il est désormais écrit sur la porte de l’atelier « Nous n’acceptons plus de papier », pour des problèmes… de stocks ! Récemment, le recyclage se tourne vers les cd, pour donner naissance à d’étonnantes compositions. Créatif et coopératif, l’atelier réussit bien son évolution.

 

Avec Majomut en chef d’orchestre, le travail solidaire se porte bien dans la ville de San Cristobal de las Casas, preuve qu’un développement local peut porter ses fruits et dynamiser l’emploi dans les régions non industrialisées et isolées.

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

 

 

Majomut : Producteur d’un café équitable, insertion dans un monde global.

 

San Cristobal de las Casas est bel et bien le fief d’une mobilisation sociale et environnementale. Majomut, producteur de café depuis 1983, a joué la carte de la production biologique depuis 1992. 30 ans d’évolution, 20 ans dans le commerce équitable, et une multitude d’avancées à l’actif de cette coopérative à la créativité débordante. Inspirez, respirez les effluves de café qui remontent du Mexique.

 

Une coopérative solide et solidaire

 

Drôle de nom pour une coopérative de café, seulement si on s’arrête à la barrière de la langue. Majomut signifie « Oiseaux moqueurs » dans la langue Tzotzile, une des communautés indigènes les plus représentées dans le région du Chiapas, au nord de San Cristobal de las Casas.

 

« Cette richesse indigène est un des fondements qui nous permis de passer aux travers des crises économiques » nous témoigne Fernando Rodriguez, coordinateur de Majomut. Des 940 familles qui composent la coopérative, 85% sont tzotziles, 15% sont Celtzoles. 35 communautés de l’alto Chiapas sont représentées, réparties dans 5 municipalités. « Mais notre force vient aussi de la structure démocratique de la coopérative, de la solidité des organes de direction comme le conseil d’administration qui assure la représentation avec les ONG et le gouvernement ou le conseil de vigilance qui gère les contrôles internes de production et de qualité ». Nous sommes bien dans une forme d’économie sociale et solidaire structurelle, productive et démocratique. « De plus, chaque communauté élit un représentant. Les 35 nominés forment l’assemblée de délégués où les propositions des associés sont discutées et les décisions communes sont prises.

 

La solidité de la coopérative permet de figer les prix du café quand il est acheté au producteur. « Et si il y a un bénéfice, les ressources collectives sont d’abord payées avant que l’excédent ne soit partagé entre les associés au prorata du nombre de kilogrammes de café vendus par chacun », continue Fernando. Une solidarité entre ces « actionnaires productifs », qui reçoivent alors la récompense de leur labeur.

 

La transition organique commencée bien tôt (dès 1992), donne aujourd’hui à Majomut la notoriété d’être quasiment 100% biologique. « les derniers producteurs sont en transition {…} mais tout cela ne s’est pas fait en un jour, la transition fut progressive, de 150 à 250 producteurs etc. » De part sa cosmologie orientée vers la conservation de la terre, la culture maya aida à lancer le processus de transformation. « Nous avons une équipe technique, un ingénieur et un technicien agronome qui forment plusieurs promoteurs au sein de chaque communauté, selon leur taille ». Une transmission qui nécessite peu de ressources et renforce l’engagement de chacun. L’Union des Communautés Indigènes de la Région del Ishtmo (UCIRDI), fut un des organismes auprès duquel Majomut appris énormément.

 

Majomut ne réalise que très peu de publicité. « Nous préférons que nos acheteurs transmettent leur intérêt par le bouche à oreille ». Même si les labels aident à la promotion de la coopérative, la meilleur approche passe par la dégustation.

 

La sélection du grain, gage de qualité du café

 

La sélection du café Majomut passe par des tests de saveur en laboratoire. Plusieurs échantillons de café sont mélangés en petits tas pour évaluer le corps, le goût, l’odeur, afin de classer et de valider la production. « Certains acheteurs exigent une saveur floral par exemple, la sélection du café et la variété sont devenus un gage de qualité spécifique de Majomut ».

 

Deux contrôles viennent s’ajouter dans la production. Le premier en interne, au travers de fiches « contrôle de produit ». Les associés effectuent un roulement et vont à tour de rôle évaluer le travail de leurs voisins, afin de garder la certification biologique. Cette dernière est délivrée par un organisme externe qui se base à la fois sur les fiches techniques produites en interne tout en évaluant sur place les réelles pratiques d’agro-écologie. On pratique ici aussi la conservation du sol, l’élaboration de composte organique comme la bonne gestion du milieu environnemental. La révision et les recommandations faites, les producteurs et la coopérative disposent de plusieurs mois pour remplir les objectifs.

 

Le commerce équitable, branche internationale de l’économie sociale et solidaire

 

Quelle doit être la place de l’économie sociale et solidaire pour une coopérative qui vend un produit comme le café, très peu consommé dans la culture mexicaine? Elle se joint tout simplement au marché global en gardant un prix d’achat au producteur équitable. « L’ESS va plus loin que le marché local. Le travail collectif, l’aide mutuelle, c’est réellement ce que signifie l’ESS. Mais on ne peut pas la laisser à l’échelle d’un territoire. Nous dépendons tous les uns des autres ». Du point de vue de la coopérative, il n’y a pas d’autres marchés possible.

 

Ainsi depuis 19 ans, le label commerce équitable joue un rôle prépondérant dans la commercialisation du café Majomut. Chaque année, une analyse globale de la coopérative est réalisée par l’organisme FLO-CERT. Les inspecteurs s’attardent essentiellement sur l’aspect démocratique, la transparence et la reddition de compte.

 

Mais selon Fernando « on perd de plus en plus les objectifs du commerce équitable ». A la base, le commerce équitable a été créé pour faciliter les conditions d’accès au marché des petits producteurs. Malheureusement « le label commerce équitable coût toujours plus cher chaque année ». La multiplication des nouveaux venus et la logique économique poussent le prix des certifications vers le haut. FLO-CERT s’est séparé en deux organismes donnant naissance à Fair Trade USA, qui a lancé un nouveau label « Commerce équitable pour tous ». Selon Fernando, « ce nouveau label n’est ici que pour perdre le consommateur, et donner la possibilité aux plantations agricoles de grandes échelles utilisant des techniques industrielles, d’intégrer plus massivement le commerce équitable ». « Bien entendu le cercle du commerce équitable doit grandir, mais les conditions d’entrée doivent être clarifiées à la base ». Visiblement, les ces grandes plantations agricoles ont plus de facilités financières et les conditions des travailleurs sont très peu évaluées, ce qui diminue leur légitimité aux yeux de Majomut.

 

Fiers et ne voulant pas se faire marcher sur les pieds, Majomut et plusieurs organisations construisent depuis 2006 un réseau international de petits producteurs : La CLAC ou Coordination d’Amérique Latine et des Caraïbes. Regroupant surtout des producteurs de café, mais aussi de cacao et de fruits, le réseau travaille pour leur nouveau label « petits producteurs » à l’intérieur du commerce équitable. L’objectif est clairement de se différencier des grandes plantations agricoles. « il y a déjà des réseaux d’acheteurs qui sont intéressés par le label, et qui comprennent notre volonté de séparation, par compassion ou tristesse certes, mais le marché commence ici ».

 

Développement communautaire intégral

 

Dans la logique coopérative, Majomut achète à ses petits producteurs de café pour limiter les intermédiaires et garantir un prix juste. Cependant, l’organisme ne bénéficie pas d’une autonomie économique, et se voit dans l’obligation d’emprunter de l’argent à des organismes extérieurs comme Root capital. De plus, le label commerce équitable apporte à Majomut la possibilité de bénéficier d’une avance de 60% des importateurs concernant la vente d’un lot de café. Mais c’est souvent insuffisant et cette avance donne toujours lieu à un taux d’intérêt.

 

C’est pourquoi depuis 2004, les associés de Majomut ont fondé une micro-banque paysanne. Aujourd’hui composée de 514 associés, elle gère plus de 3 millions de pesos mexicains (175 00 €). Cette banque au fond propre leur permet de limiter leur dépendance envers les organismes extérieurs. Ainsi, quand Majomut a besoin d’un fond pour vendre ses lots de café, elle emprunte en partie à la micro-banque. Les intérêts restent ainsi dans le cercle des communautés. « Les associés entrent avec une épargne et ensemble ils prêtent leur argent à un intérêt défini, et tout le monde est gagnant ». En situation d’urgence, une partie du capital peut aussi être prêtée à un des producteurs, à hauteur de son épargne.

 

« Cet outil de financement rural s’est adapté aux besoins des communautés, c’est leur système ». Dans un futur proche, l’objectif est d’atteindre l’autonomie financière de la coopérative dans la vente de son café.

 

Pour conclure le développement communautaire, Majomut a aussi lancé une ligne de production alimentaire, gérées par les femmes. A la fin de l’année 1996, les femmes et filles des associées ont fait part de leur inquiétudes quant à la seule production du café et leur non intégration au travail communautaire. Sans expérience dans la culture d’autres produits, elles estimèrent que les promoteurs pouvaient les aider à développer des jardins communautaires pour la production et l’autoconsommation alimentaire.

 

La taille moyenne des exploitations étant de 1 hectare, la place manquait pour développer une nouvelle production agricole. A l’initiative d’un groupe de femmes, on discuta de parcelles collectives, travaillées selon l’accessibilité et la convenance. La production est aujourd’hui distribuée de manière équitable entre les familles ayant participées. Majomut apporte les outils matériels et la technique, mais travaille aussi avec les femmes pour une production optimisée sous serre de tomates, de champignons, de viande animale et d’œufs.

 

« Majomut, ce n’est pas seulement du café », conclut Fernando.

 

A long terme, l’objectif pourrait être de rejoindre un réseau de producteurs et consommateurs responsables. « Cette avancée nécessite des ressources basiques, de l’organisation, de l’investissement personnel, une camionnette, un partenariat etc. Les légumes auront besoin d’être conservés ». Il ne faut pas oublier la vision première de cette production, limiter les transports vers la ville, toujours coûteux. Chaque chose en son temps.

 

Majomut, producteur de café biologique, assure un développement progressif de sa coopérative et de ses associés dans une logique durable qui vise à améliorer la production et la qualité de vie de ses membres. Son insertion dans un monde global montre la nécessité d’organismes internationaux forts, dirigés par des politiques publiques visant à contrebalancer le marché et permettre une meilleur intégration des petits producteurs.

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

 

 

La Paz : A la rencontre d’un mouvement national

 

Dans les articles précédents, nous avons abordés à plusieurs reprises la notion d’articulation du mouvement d’économie solidaire et sociale, horizontale et verticale. La première distingue le regroupement des organisations locales, la seconde consiste à changer d’échelle, avec la mise en place de réseaux nationaux et internationaux.

 

C’est un processus nécessaire selon les économistes de l’ESS, qui tend à renforcer les réflexions et l’impact des initiatives locales. Il vise à donner de la crédibilité à un mouvement porté depuis le bas de l’échelle par les acteurs locaux. La multiplication de ces « bulles locales » nous à amené à rencontrer le mouvement national bolivien pour une économie sociale et solidaire et un commerce équitable. Récit d’une lutte collective pour une coopération avec les pouvoirs publics.

 

 

Associations, entrepreneurs, doctorants, chercheurs, représentant du gouvernement, organismes internationaux et le dernier invité surprise Alternavista s’étaient données rendez-vous lundi 19 mars. A l’initiative du Centre d’Etudes et de Coopération Internationale (CECI – Canada)  et de la présidente du mouvement pour l’ESS et le CJ Wilma Quinteros, l’assemblée s’est regroupée autour d’une table ronde afin de partager et d’échanger les expériences en matières d’ESS et analyser l’avancée des actions menées conjointement.

 

La seule présence du Vice Ministre du Commerce Intérieur et des Exportations montre la volonté des acteurs de l’ESS de travailler main dans la main avec les pouvoirs publics. « L’un des objectifs principaux du mouvement est d’avoir une réelle incidence sur les politiques publiques pour qu’elles tendent à améliorer les conditions des petits entrepreneurs, appuyées par des textes de lois », nous commente Wilma Quinteros.

 

Plusieurs chercheurs sont allés s’inspirer des expériences voisines en matière d’ESS. C’est le cas de Beatriz Delgado, qui présente ses travaux après un passage au Brésil. « Cela fait déjà 10 ans que le Brésil s’est doté d’un Secrétariat d’Etat dédié à l’ESS. Il y a de nombreuses avancées, le mouvement est reconnu et impulsé par l’Etat, qui achète par exemple aux producteurs à un prix juste ». L’Equateur quant à lui est un pays souvent cité pour être le seul à avoir intégrer l’ESS dans sa constitution et dans les textes de lois.

 

Certains représentants d’associations d’artisans et de producteurs boliviens ont fait le déplacement. Leur intérêt est tourné vers les organismes de finances solidaires, à qui la seconde partie de l’atelier est réservée. « Nous devons évidemment conter sur les finances solidaires, qui doivent être soutenues par les politiques publiques de la même manière. Plusieurs banques se disent de microcrédit populaire mais ne répondent pas aux critères des producteurs, les requis étant inatteignables tout comme la hauteur des crédits prêtés » continue Wilma.

 

 

Porte parole de son association regroupant 1300 familles d’artisans, Emilana Yogua nous confie que « La qualité des produits est très liée à la l’organisation et à la gestion économique et financière, à l’analyse des coûts. Nous partageons nos idées sur la production, l’innovation, la qualité. Ces échanges internes résultent de la solidarité qui nous lient et nous font travailler dans cette logique d’économie sociale et solidaire de manière efficace »

 

Au total, 75 organisations ont rejoint le mouvement bolivien depuis sa création en 2008. « Le réseau devrait croître plus rapidement, mais nous avons la volonté de renforcer les organismes productifs du pays, en améliorant les capacités de production. Cela passe par des stratégies de formation, d’accompagnement, mais aussi de communication au niveau du gouvernement, du milieu académique et dans les médias », nous affirme Dario Alanoca de l’organisme Caritas Bolivianas, qui fait en plus partie de la table technique du mouvement.

 

 

C’est d’ailleurs sur ces thèmes de diffusion qu’est centrée l’intervention du Monsieur Velasco. Chercheur pour le Forum International d’Economie Sociale et Solidaire (FIESS), il présenta les résultats boliviens d’une étude transversale sur l’ESS quant à l’avancée des politiques publiques dans plusieurs pays du monde comme l’Espagne, le Canada, l’Afrique du sud ou encore le Mali. Enrichi de ces autres expériences, Monsieur Velasco considère plusieurs axes de réflexion pour renforcer les liens entre les pouvoirs publics et la société civile bolivienne :

 

- Renforcer la recherche théorique et appliquée pour avoir des indicateurs visibles et des mesures concrètes de l’avancée des différent formes de l’ESS.

 

- Etendre la plateforme d’associés stratégiques, dans le public au niveau départemental, régional  comme au sein des syndicats et des entreprises.

 

- Jouer sur des terrains compétitifs en matière d’ESS et commerce équitable.

 

- Articuler les stratégies autour d’autres formes du développement comme la sécurité alimentaire, le respect de l’environnement, l’aspect générationnel et l’intégration de la femme.

 

Le FIESS s’est déroulé en octobre dernier à Montréal, devant 86 pays représentés et plus de 1500 personnes réunies. Une marque de l’intérêt mondial porté à l’ESS.

 

L’atelier s’est terminé par une réflexion collective sur les actions à mener pour renforcer le mouvement bolivien d’ESS. Trois groupes de travail se sont formés et doivent rendre compte de l’avancée des travaux boliviens, sous deux mois, et sur les thèmes suivants :

 

- Relation entre la société civile et le secteur public à tous les niveaux

 

- Education en Economie Sociale et Solidaire

 

- Promotion, sensibilisation et diffusion de l’ESS

 

En fin de journée, Wilma nous accorde sa conclusion de cette journée de travail « Il nous manque des campagnes massives de diffusion autour de l’ESS, mais cela représente du temps, de l’engagement et de l’investissement volontaire. C’est aussi passer moins de temps auprès de sa famille. Il n’y a aucun intérêt économique, nous nous battons pour un développement humain intégral, pour que la Bolivie sorte de la pauvreté. Nous allons dans le bon sens, vers l’équité ».

 

 

Partager, réfléchir, agir. L’ESS en Bolivie prend ses racines dans son capital humain.

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

 

Santiago de Okola : L’agro-biodiversité comme moteur du tourisme rural

 

Le lac Titicaca, perché du haut de ses 3800m, offre par son climat étonnamment agréable à cette altitude la découverte de la culture andine. Côté Bolivien, la zone est du lac fait partie du parc national Apolobamba. Au creux du lac, la communauté de Santiago de Okola se dresse autour de sa montagne sacrée, « el dragon dormido » (le dragon dormant).

 

Le devoir de mémoire:

 

Nous sommes ici au centre de l’héritage précolombien peu connu. Le territoire de Santiago de Okola constituait une des régions de la cultura Chiripa, une civilisation datant principalement de -500 avant JC. Lui succéda ensuite la civilisation pré-inca Tiahuanacota, après JC. Ces deux mouvements humains furent les pionniers dans l’art céramique, la mise en place des cultes religieux tout comme la manipulation de l’écosystème de manière sédentaire.

 

Au moment de la « Conquista » espagnole, les nouveaux venus craignirent de se rendre dans la région d’Okola à cause d’une malédiction lancée par les autochtones suite au pillage de trésors sacrés autour du lac. Le domaine a donc gardé ses traditions sans prendre part au développement et à la christianisation.

 

L’impact des organismes de tourisme

 

En 2005, deux organismes de tourisme détectèrent le potentiel de cet héritage culturel : Sendas Altas et La Paz on foot. Ensembles, Ils travaillent avec la communauté d’Okola afin de mettre en place un service d’accueil des touristes. La Paz on foot s’investit dans des séjours entièrement dédiés à la communauté quand Sendas Altas l’inclut dans des tours globaux de découverte de la Bolivie et de l’Amérique du sud. Mais comme pour toute activité économique, un potentiel aussi riche nécessita des stratégies d’actions pour développer au maximum l’intérêt pour cette culture.

 

Tourisme + agro-biodiversité = Savoir faire à transmettre

 

Ainsi, Santiago de Okola n’est pas un simple lieu de repos paisible. Certes vous pouvez profiter des activités de plein air en partant à la découverte des plages bordant la montagne du « dragon dormido » et bénéficier d’un hébergement complet. C’est la base du tourisme solidaire. Mais ici à Santiago, l’objectif a été surtout de mettre au centre de l’activité la richesse de l’agro-biodiversité de la région. Grâce à l’organisme ProInpa, Santiago de Okola s’est transformée en un véritable centre de recherche dans la conservation des espèces végétales originaires. On en dénombre 17 au total, et une centaine de variétés. La plupart sont des pommes de terre, à la texture et au goût bien particuliers.

Les touristes ont alors l’opportunité d’en apprendre davantage en matière d’agro-écologie tout comme sur l’origine et les techniques de réintroduction d’espèces anciennes.

 

En plus de faire vivre leur culture, les habitants d’Okola transmettent ce savoir faire agricole oublié, noyé par l’agriculture conventionnelle. Nous sommes face à une réappropriation des techniques ancestrales, ré-enseignées par ceux qui n’ont cessé de les pratiquer.

 

Les femmes d’Okola se dédient quant-à elles à l’apprentissage des techniques textiles. A base de fibre naturelle d’obeja, ces tissus sont très convoités par leur qualité. De plus, toutes les teintes colorées sont issues des plantes locales.

 

Un savoir faire de cette importance se doit-il seulement d’être véhiculé à cette échelle? Comment mettre en place ces pratiques à une plus grande échelle? Cette expérience a pour grand mérite d’apporter une nouvelle réponse à la transmission du savoir, par l’intermédiaire du tourisme communautaire. Une preuve que les problématiques de l’économie sociale et solidaire et d’un développement durable sont ancrées l’une dans l’autre.

 

Depuis Juin 2006, « L’association intégrale de Santiago de Okola » administre le potentiel naturel de son territoire dans le but de conserver les liens de son glorieux passé et éviter la migration des jeunes vers le monde urbain. Un pari réussi qui mérite une meilleure reconnaissance. C’est aujourd’hui un nouveau plaisir de le faire découvrir.

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

 

Projet SARA : Renforcement de la production agricole en territoire Aramisi

 

La ville de Cochabamba en Bolivie est réputée pour son université agronome et sa spécialité en agro-écologie. Pourtant, c’est à l’extérieur de la ville, perdu dans les montagnes à près de 4000 m d’altitude que se tient un des meilleurs exemples de cas pratique de cette activité. Là où le relief ne facilite pas la production agricole, un groupe d’ingénieurs agronomes travaille en collaboration avec deux paroisses locales afin d’améliorer les techniques de production locales. Rencontre avec Séraphin, défenseur d’une véritable agriculture durable pour des communautés abandonnées à leur territoire.

 

 

De la spiritualité à l’agronomie

 

En 1996, la communauté Aramisi a vu arriver 2 ingénieurs agronomes et coordinateurs de projets, sous la demande du père de la paroisse, P. Axel Gerling. Cet homme de foi travaille déjà sur les thèmes de la santé et de l’éducation avec les communautés avoisinantes. Voyant que la majorité des familles n’a même pas accès à l’auto-production (les pères et fils partant à la ville pour trouver l’eldorado), il décide de faire appel aux ingénieurs agronomes. Le projet SARA (Servicio de Asesoria Rural Ayninakuy – Service de Conseil Rural Mutuel) est né. Grâce à des fonds internationaux allemands, l’objectif central est de maitriser la production, tout en renforçant la foi des populations dans leur territoire. En effet, les populations indigènes ont une forte croyance dans la « Pachamama » alias « mère nature » en langue Queschua.

 

Le centre paroissial se transforme alors en un véritable terrain d’expérience et lieu de formation. German Vargas et Ricardo Crespo commencent leur travail de production avec 4 familles. Aujourd’hui, c’est 400 familles qui ont bénéficié des connaissances en agronomie et peuvent désormais vendre sur les marchés locaux en plus de subvenir à leur propre consommation. Le secret de leur réussite? La maîtrise des ressources territoriales et le respect des plans « naturels ».

 

 

Oui, car avant d’orienter véritablement leurs actions vers l’agro-écologie, il fallait transformer le terrain montagneux en un véritable lieu de production. Pas simple sur le papier, les ingénieurs ont mis en place un système de terrasses adapté au relief. Un véritable découpage qui favorise la surface de production tout comme l’écoulement des eaux de ruissellement et leur infiltration, mais limite aussi l’érosion des sols. Depuis 3 ans, la protection du sol et surtout de sa fertilité deviennent alors le centre du projet. Le centre paroissial évolue lui aussi ses formations vers les pratiques d’agro-écologie

 

 

Le programme SARA : 4 objectifs indissociables sur 3 ans.

 

Récemment arrivé dans l’équipe, Séraphin nous présente le centre et plusieurs productions agricoles de la communauté. Son entrée est dûe à l’évolution du projet SARA. Désormais, 4 « piliers » sont traités simultanément:

1) La protection du sol et de sa fertilité

2) La gestion et l’optimisation des systémes d’irrigation

3) La mise en place d’un système de production diversifié basé sur la polyculture rapprochée et l’intégration dans l’environnement naturel de base.

4) La réintroduction d’espèces arboricoles anciennes

 

 

Ici, la famille des pesticides a été bannie il y a bien longtemps, car originairement inexistante. « Si un insecte vient détruire ma plantation, c’est ce que nous avons fait une erreur » nous affirme Seraphin « C’est un simple indicateur, à nous de faire le nécessaire pour rectifier le tire, mais nous ne parlons pas de maladie à éradiquer ». Et quand on parle des biopesticides (qui sont en fait des substances naturelles controlant certaines maladies des plantes), Seraphin est clair « ils ne changent que la couleur de l’étiquette, et ne sont développés que pour le business ».

 

Quelles sont alors les solutions pour garantir la fertilité du sol? « Expérimenter et apprendre de la nature environnante, le désordre est bien l’ordre de la nature!« . En ce qui concerne le premier point, les ingénieurs se sont penchés sur des engrais organiques, de véritables « bouillons » adaptés pour certaines cultures, à base d’eau et de minéraux organiques. Les formules magiques n’existent pas, mais l’analyse des sols permet de décortiquer le « matériel organique » nécessaire au développement des plantes. Nous analyserons le deuxième point plus précisément dans l’article suivant.

 

 

L’irrigation reste un des problèmes majeurs dans ces régions à deux saisons annuelles. Les pluies abondent de novembre à mars mais se font rares le reste de l’année. Il a fallu optimiser la gestion des sources d’eau naturelles montagnardes. Une technique de stockage d’eau sous la forme d’un puits circulaire a été envisagée, récupérant les faibles courants d’eau. Un système de canalisation permet ensuite d’innonder les terrasses les unes après les autres par gravitation, le puits étant toujours situé au point le plus haut de la production agricole. D’autres systèmes comme l’arrosage rotatif permettent de réduire la consommation d’eau, sans consommer d’énergie complémentaire.

 

 

Pourquoi réintroduire enfin des espèces d’arbres  »originaires »? Pour la diversité naturelle, les apports nutritionnels au sol dans cette région au climat montagneux, mais aussi pour la qualité du bois. « Certains arbres anciens donnent du bois doux pour la fabrication d’instruments de musique comme le Charango (petite guitare d’Amérique latine), tout comme des ustensiles de cuisine. »

 

Au total, le centre parroquial accueille 7500 m2 d’agriculture, et produit une grande variété de légumes, fruits et céréales pour la propre consommation des membres du centre. Tous les ans, plusieurs séminaires sont organisés au centre, qui peut accuellir 40 personnes sur plusieurs jours. Des ingénieurs étrangers viennent participer et apprendre des techniques boliviennes, notamment le chilien Enzo Solaris, que nous avions rencontré au « Canelo de Nos« . Preuve qu’une mini-articulation se met en place…

 

Vos reporters sur place

 

MG-MT

 

 

 

El Canelo de Nos : Des ateliers qui rayonnent au sein des communautés

 

 

 

Quand le solaire devient l’énergie des plus démunis

 

Après la dictature, qui négligea tout respect de la nature, les expérimentations dans le domaine de l’énergie solaire se sont multipliées. Une technologie alternative utilisée par le monde rural et les personnes sans ressources car elle ne nécessite que très peu de matériel.

 

Dans l’enceinte du Canelo, Victor développe des prototypes de cuisine solaire depuis plus de 20 ans. Fours, chauffe eau, sécheurs de fruits etc. Tous ces produits partent dans le nord du Chili où les tremblements de terre détruisent perpétuellement les logements précaires des habitants, mais où le soleil abonde et devient une véritable alternative au gaz, trop cher. Présentation des solutions qui rayonnent dans le bon sens:

 

La cuisine solaire:

 

Adaptée à tout type de cuisine à l’eau où à l’huile, de même efficacité qu’une gazinière, la cuisine solaire se compose d’une disque de 1.15m de diamètre et d’une grille pour poser le récipient. A la manière d’une parabole, la multitude de miroirs réfléchit les rayons du soleil en les faisant converger vers un même point, au niveau de la grille. Cette concentration génère un flux de chaleur en un point du récipient qui se transmet ensuite rapidement par conduction. Le disque est inclinable et l’ensemble est monté sur un chariot à roulettes, afin d’orienter au mieux la cuisine vers le soleil. La position idéale est obtenue quand l’ombre des roues se superpose. Démonstration à l’appui, ça brule!

 

 

 

Le four solaire :

 

Une vitre pour laisser passer les rayons, un effet de serre qui concentre la chaleur et 4cm de laine de verre pour limiter les pertes de chaleur, voici l’air de l’enceinte qui se réchauffe progressivement pour atteindre une température maximale de 260ºC! La cuisson de votre viande prend plusieurs heures mais la montée progressive en température élimine d’abord la graisse, on évite un surplus de cholestérol! Plusieurs tailles sont disponibles, pour un petit déjeuner ou un dîner copieux.

 

 

 

 

Sécheur de fruits et plantes médicinales:

 

Les fruits sont disposés sur des grilles. Grâce au principe de ventilation naturelle, l’air entre par le bas du sécheur, se réchauffe dans l’enceinte puis ressort par la cheminée qui guide sa sortie. En effet, un air plus chaud est plus léger, il monte alors en altitude. L’ouverture frontale permet aux rayons du soleil de chauffer plus rapidement l’ambiance, mais on la ferme pour le séchage des plantes médicinales car les rayons ont tendance à détruire leurs propriétés bienfaisantes.

 

Des graines de star expérimentent l’agro-ecologie

 

C’est dans ce même centre que se regroupait aussi « la escuela verde » (l’école verte), où chaque samedi de l’année une trentaine d’enfants participa à plusieurs ateliers d’agro-écologie manuels, animés par les ingénieurs agronomes. Au programme, comment maitriser l’utilisation du composte, comment diversifier son jardin ou optimiser la place de son potager en montant à la verticale (cf article suivant). En une après-midi, chacun avait le temps de prendre contact avec la terre s’amusant avec la biodiversité. « Plusieurs participants ont ensuite continué leurs études dans le domaine » raconte Gabriel, persuadé que ce programme est une des grandes réussites du Canelo.

 

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

 

El Canelo de Nos en action: l’agro-écologie au service de l’urbanisme

 

Même s’ils ne gagnent pas tous les concours qu’ils souhaiteraient (voir article précédent concernant le fonctionnement du Chili vis a vis des projets de développement locaux), les professionnels du Canelo de Nos se sont attachés à nous présenter 3 de leurs projets. Véhiculant leurs valeurs sociales et environnementales, les résultats obtenus n’en demeurent pas moins exemplaires.

 

Rancagua, Région de Santiago : Programme de développement de quartier

 

 

 

Sous l’aile du ministère de l’habitat et de l’urbanisme, ce programme vise à améliorer la vie de quartiers populaires, redonnant un semblant de sourire à  leurs populations. Hier à Rancagua, Le Canelo proposa un plan de gestion environnementale mêlant espaces verdure et communauté.

 

Après s’être d’abord rendus sur place, après avoir analysé et identifié les besoins, les coordinateurs de projets tirèrent un bilan alarmant mais bénéfique pour l’élaboration de leur plan :

 

-          Les habitants vivent dans des « blocks », immeubles vétustes de 4 étages, 1 appartement par famille de 8 à 10 personnes, d’une surface de 50 à 60 m2.

 

-          L’hygiène globale est négligée, les poubelles s’amoncellent dans les parties communes, les jeunes enfants côtoient les chiens sans aucun soin sanitaire, causant de nombreuses de transmissions de virus, parfois mortels.

 

-          Le quartier ne dispose d’aucun espace vert et aucune culture de recyclage n’est à constater.

 

 

 

 

A partir de ces conclusions, le Canelo présente et applique son programme de 6 mois, au cours duquel plusieurs actions clés sont réalisées :

 

-          Un jardin communautaire partagé est mis sur pied, sur le terrain de la chapelle du quartier.  Les ingénieurs agronomes y apprennent aux enfants, aux adolescents et aux femmes des techniques d’agriculture biologique et agro-écologique. On notera notamment la technique du « cama alta » ou « lit surélevé » qui n’est autre qu’une méthode ancienne de préparation du sol, où plusieurs couches successives apportent les minéraux naturelles aux plantations. L’utilisation de déchets organiques renforce la qualité du sol, l’eau circule mieux au travers des couches et les plantations poussent plus vite

 

-          Des ateliers de culture verticale sont animés, où des légumes poussent dans…des bouteilles en plastique! Le manque d’espace de l’appartement n’est plus un obstacle à la production personnelle, les cultures pendent aux fenêtres et apportent le vert nécessaire à la vie de tous les jours.

 

-          Une campagne de prévention sur l’hygiène voit le jour, des petits dépliants sont fournis aux familles, expliquant les règles basiques à mettre en place vis-à-vis de la cohabitation avec les animaux. Des pastilles antipuces sont aussi distribuées.

 

 

 

« Les femmes nous ont dit qu’elles préfèrent désormais se retrouver au jardin communautaire pour travailler la terre plutôt que de regarder la télé » commente Nestor. Un point qui montre comment un projet de ce type peut améliorer les relations sociales au sein d’un quartier.

 

Communes de San Paolo / San Juan, Région d’Osorno : Programme de développement territorial indigène

 

Sur le territoire de la communauté indigène Huilliche, Le Canelo dirige actuellement un plan de développement local sur 4 ans visant à renforcer le commerce local et diversifier les revenus de la population.

 

200 familles indigènes participent à cette initiative, chacune possède un terrain de 4 voire 5 hectares. La majorité vit de sa propre production. Le cas de chaque famille fut analysé individuellement afin d’adapter les actions associées:

 

-          Ceux qui ont la chance d’être proche d’une rivière ou d’un lac s’orientent vers la mise en place d’un emplacement de camping.

 

-          D’autres familles travaillent sur la mise en place d’un réseau de tourisme solidaire, basé sur l’apprentissage de l’artisanat local tout comme de l’agriculture.

 

-          Les derniers regroupent leur excédent de production pour le vendre sur les marchés régionaux , et sont formés sur les aspects commerciaux.

 

Le plan est en cours de réalisation, il donnera ses résultats courant de l’année prochaine.

 

Commune de Paine, San Bernardo: Programme de développement agricole

 

Au sud de Santiago, 120 producteurs agricoles suivent un programme d’éducation populaire orienté vers une meilleure gestion de leur production, avec des outils de commercialisation et stratégies de vente.

 

Enzo Solaris, ingénieur agronome, dirige ce programme avec en plus pour ligne de mire un changement des mentalités au sein des producteurs. Il tend à sensibiliser les producteurs à l’agro-écologie, afin qu’ils diversifient leur production et améliorent la qualité de leur sol, ce qui est bénéfique pour une amélioration durable de leurs revenus sur le long terme. Le processus est lent et compliqué, les paysans étant plutôt conservateurs. 10% des participants ont aujourd’hui transformé complètement leur méthode de culture.

 

Des organismes de producteurs et consommateurs responsables se mettent en place autour de Santiago au travers de ce programme. Enfin, tous les samedis, « l’éco féria » de Santiago dressent ses tréteaux pour accueillir de nombreux partisans d’une agriculture locale.

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

El Canelo de Nos: Solutions alternatives pour fractures sociales et environnementales

 

Banlieue sud de Santiago du Chili, la commune de San Bernardo est le théâtre d’un centre éducatif communautaire très populaire. Fraichement entrés dans ce monde où la dynamique et la diversité des projets imposent le respect, Nestor et Gabriel nous guident dans la découverte de leur ONG: El Canelo de Nos.

 

 

Naissance sous la dictature

 

Les débuts du Canelo sont intimement liés à l’histoire de son pays. Sous la dictature d’Augusto Pinochet, de 1973 à 1988, la privatisation de nombreux secteurs publics (comme la santé et l’éducation) tout comme celle des grandes industries minières, renforce les inégalités au sein du pays. 30% de la population se retrouve en dessous du seuil de pauvreté. Les ressources naturelles sont surexploitées, la croissance des exportations affaiblie le peuple qui ne subvient plus à ses propres besoins.

 

 

 

La répression des opposants au régime fait rage. Au total, plus de 700 000 personnes doivent s’exiler, d’autres restent pour reformer une opposition. Dès lors naissent d’abord des groupes de réflexion et de discussion clandestins pour comprendre la société et la politique, puis une commission nationale des droits de l’homme voit le jour. Des organisations civiles solidaires se forment sous l’aile d’organismes internationaux ou de l’Eglise chrétienne.

 

Fondé en 1985, sous les dernières années dictatoriales, Le Canelo fait parti de ces organisations civiles. Travaillant au quotidien avec le monde rural, la seule logique est de renforcer le développement local et faire reculer la pauvreté. L’objectif est centré sur la « réappropriation des techniques paysannes anciennes, qui sont des solutions qui marchent en période de crise sociale et environnementale » nous commente Gabriel. La notion de territoire revient au centre du développement, une alternative protectionniste face à l’exportation de masse, visant à satisfaire les besoins fondamentaux et l’autoconsommation.

 

30 professionnels s’investissent dans cette voie. On y trouve une synergie d’ingénieurs agronomes, professeurs et sociologues, journalistes et experts en communication, techniciens bricoleurs.

 

Un Etat faible et centralisé, des projets forts et personnalisés

 

la particularité du Chili en matière de développement vient du fonctionnement étatique. Comparé à l’Etat français par exemple, l’Etat chilien est très faible en nombres de fonctionnaires. Ainsi, l’Etat ne cible que les problèmes existants et lance des lignes de développement auxquelles répondent des organismes privés (comme le Canelo) sous la forme de concours. Le ministère concerné se contente de choisir une proposition et la finance, laissant la réalisation à l’organisme.

 

Au delà du fonctionnement, cela n’empêche pas le Canelo d’élaborer des propositions aux caractères très personnels, aux tournures proches de ses valeurs environnementales. Le tout étant un jeu de représentation et de communication avec les pouvoirs publics. L’article suivant présente plusieurs projets concrets réalisés récemment.

 

 

Diversité de fonds, différents champs d’intervention

 

A l’aide de fonds internationaux, Le Canelo coopère avec l’UE et plusieurs ONG.  A titre d’exemple, dans la région III (le Chili est divisé en XII régions du nord au sud), un processus de désertification et reforestation redonne la fertilité passée de sa région, ce qui profite à la production locale. Malheureusement, le Chili étant devenu le pays le plus riche d’Amérique Latine aux dépens de sa population, les fonds étrangers se font de plus en plus rares.

 

 

 

 

Enfin, l’organisme dispose d’un fond propre. La richesse de son parc, la qualité de ses locaux et la présence d’ateliers technologiques (voir article suivant) attirent les séminaires. L’argent est investi dans toutes dépenses du site, de l’électricité à la cantine. Le point d’orgue de cet organisme aux multiples facettes n’est autre que sa radio, la Radio Canelo! Cette onde résonne dans tout Santiago et propose du lundi au vendredi, de 7h à 22h, un échantillon d’émissions dédiées aux problématiques sociales et environnementales, non mentionnées par les informations nationales. Un moyen de s’exprimer sur le projet HydroAysen en particuler. Guillermo, Marcelo et Pablo nous ont même invités à nous présenter en direct. Une première pour nous, et en espagnol!

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT

NorteSur et Gente Nueva stimulent le dynamisme populaire de Bariloche

 

Aux premiers abords, San Carlos Bariloche se caractérise comme une petite station balnéaire coquète. Bordée par le lac Nahuel Huapi, la ville voit défiler les touristes en toute saison, offrant à la fois les joies du ski en hiver et les activités outdoor en été. Les jeunes l’apprécient pour ces discothèques réputées. Cependant, en montant les collines de la ville, un paysage très populaire s’offre à nous. Les routes ne sont plus goudronnées, la poussière vole. C’est dans ses quartiers reculés que les organisations NorteSur et Gente Nueva travaillent au jour le jour.

 

Ici, la population entière voue son activité quotidienne au tourisme. Au sein des classes populaires, les maris sont  maçons, charpentiers, plombiers ou électriciens. La raison est simple, ici, on construit des hôtels. Les femmes quant à elles sont artisanes. Elles fabriquent toute sorte d’objets vendus ensuite sur les « Férias artesanales ».

 

NorteSur renforce les capacités productives des  petits entrepreneurs

 

Fondée en 1985 à Buenos Aires, NorteSur ouvra une antenne à Bariloche au début des années 2000. L’association oriente ses actions autour d’un objectif unique: aider les nouveaux auto-entrepreneurs populaires de Bariloche à s’en sortir.  Valeria nous explique le fonctionnement de son association.

 

D’abord organisme d’éducation, NorteSur assure une assistance technique pour des groupes d’entrepreneurs, abordant la gestion commerciale et la gestion administrative. La ligne de mire étant de fournir des outils et de développer des compétences pour ensuite faciliter l’autogestion des entrepreneurs. Il est important de rappeler que la majorité de ces personnes ne vont pas à l’université.

 

En 2005, NorteSur évolue vers une institution de financement, valorisant l’association des entrepreneurs. L’organisme reçoit un fond de l’état dans le cadre du programme du ministère du développement social, qu’il administre à des groupes d’entrepreneurs, afin de renforcer la solidarité par la garantie mutuelle. Grâce à la mutualisation du crédit et des formations, NorteSur accompagne les entrepreneurs vers la voie de l’indépendance.

 

Au total, 270 auto-entrepreneurs ont bénéficié de la formation de NorteSur depuis sa création.

 

Un programme orienté vers l’amélioration de l’habitat

 

Depuis 2010, NorteSur se dédie à un programme de crédit pour l’habitat. En effet, les hivers sont rudes à Bariloche, les températures descendent à-10ºC. Un nouveau rythme s’installe, les gens se lèvent vers 11h à cause du froid et se couchent tôt devant la gazinière au bois. Un triste constat, les gens meurent de froid, en particulier les nourrissons. Dans certaines maisons, le toit est posé sur les murs laissant des grands courants d’air. De plus, les familles sont nombreuses (5 à 7 enfants) et dorment souvent tous dans la même pièce. L’hygiène de vie est aussi souvent limitée.

 

Dans deux quartiers très précaires de Bariloche, le programme a pris forme. Par groupes de 3 familles, les personnes reçoivent un crédit d’une première valeur de 3 000 pesos (600 €) afin d’améliorer leur logement. Trois postes sont primordiaux:

 

-40% des crédits sont dédiés au raccordement au réseau de gaz, afin de se chauffer en hiver

 

-30% sont dédiés à la création d’une pièce supplémentaire.

 

-30% des crédits améliorent la qualité des toilettes et de la salle de bain

 

Aujourd’hui, c’est 80 familles qui bénéficient de ce programme de financement. Le crédit est à 85% gérée par les femmes, les hommes se chargeant de la construction. Dans ses quartiers très modestes, il n’est facile d’instaurer un climat de confiance entre les gens, mais pour les membres de NorteSur, il est indispensable de franchir cette barrière afin de se rendre compte de la réalité pour pouvoir agir dans la bonne direction. L’accompagnement renforce la solidarité entre les familles, les hommes travaillant ensemble pour rénover une par une les maisons. Ici, les mots ont plus d’importance que les contrats signés.

 

Si la première étape de remboursement du crédit fonctionne bien dans le groupe, un second crédit du double de la valeur initiale est accordé.

 

Valeria nous raconte l’histoire d’une femme qui, le jour où elle reçue son crédit, dit à sa mère : « Je te le jure maman, aujourd’hui c’est la dernière fois qu’on meurt de froid ! «. Elle utilisa le crédit pour finir le toit de la maison.

 

Un programme qui suscite un grand intérêt et qui pourrait s’étendre à d’autres quartiers.

 

Gente Nueva, coordinateur de « banquitos populares »

 

Nous sommes reçus dans une les locaux d’une école d’un des quartiers nord de Bariloche, là où se réunit un « banquito » appartenant au réseau de banques populaires Buena Fe.  Créée en 1998, ce réseau national de banques de quartiers se développe sous l’aile du ministère du développement social depuis 2004, après que sa ministre Alicia Kirchner ne l’incorpore à la Commission Nationale de Microcrédits. Aujourd’hui, c’est 40 millions d’euros de budget global annuel qui est géré par le réseau, 650 organismes de quartiers créés et 50 000 crédits octroyés. 90% des bénéficiaires sont des femmes. Le seul contrat qui s’établit est celui de la « valeur de la parole »

 

Des antennes régionales travaillant avec des associations sur place comme Gente Nueva mettent en place le programme d’accompagnement solidaire.

 

Le microcrédit n’étant pas une fin en lui-même, la complémentarité d’une formation a pour objectif de renforcer l’auto-entrepreneuriat et de développer le commerce local. Blanca et Laura travaillent pour Gente Nueva comme coordinatrice de banque. Elles nous expliquent le programme menant au lancement d’une nouvelle entité :

 

Un groupe de cinq personnes se constitue, chaque associé ayant une activité économique différente. La formation est assurée par un coordinateur suivant la logique des « 7 étapes ». Une étape est vue ici comme un réunion durant laquelle le promoteur oriente les activités économiques, apportant une consultation dans le but d’aider les entrepreneurs à évaluer les coûts, les bénéfices, mais aussi les pertes, les risques et les difficultés quotidiennes. Après avoir passé ce cap des 7 réunions, le groupe se lance dans une « Semaine d’entrainement ». Le groupe choisit alors un nom pour la banque et le coordinateur définit l’échelle progressive du microcrédit accordé. La première somme accordé est normalement de 400 pesos (soit 80€) et peut atteindre 1500 pesos. Les membres commencent à rembourser le premier crédit une semaine après son obtention, et ce sur une période de 24 semaines. En plus du remboursement hebdomadaire, chaque membre de la banque donne en plus un complément servant à alimenter le « Fond d’épargne solidaire » servant de garantie au groupe en cas de problème inopiné d’un des entrepreneurs.

 

Toutes ces rencontres se déroulent au sein d’un centre communautaire, souvent dans des salles de classe réservées le soir. C’est ici que se décide les évolutions stratégiques des activités, le choix des futurs férias fréquentées, les bilans financier etc. Le tout autour d’un maté (boisson traditionnelle argentine) et de quelques gâteaux. Enfin il ne faut surtout pas oublier que c’est un lieu de rencontre où les femmes s’écoutent et se racontent leurs histoires familiales, partagent leurs impressions, leurs espérances et leurs inquiétudes sur leur activité.

 

Aujourd’hui, Blanca et le groupe évaluent les gains de la dernière féria municipale. Des sacs plastiques supplémentaires ont été acheté en gros pour confectionner de nouveaux objets pour la prochaine féria. Les femmes présentent échange et partage leurs nouvelles techniques de confection. 3 personnes sont désignées pour la féria du samedi suivant, où les objets de chacun seront vendus. Blanca récupère l’argent issue des remboursements et de l’épargne, pour ensuite le mener sur le compte commun dans une des banques nationales. L’argent ne reste pas dans un coffre privée.

 

A l’échelle de Bariloche, 10 banquitos ont vu le jour depuis l’arrivée de la branche régionale du réseau de la Buena Fe. La valeur de la parole prime sur le contrat dan ces organisations de quartier qui ont pour objectif d’améliorer la qualité de vie des personnes des classes populaires ayant une ferveur et une passion pour leur travail. La solidarité est ici un moteur sociale pour renforcer l’économie locale.

 

Vos reporter sur place,

 

MG-MT

 

Marché solidaire de Bonpland : Réponse à une demande de production locale

 

 

Depuis 4 ans, un marché de l’économie solidaire et sociale s’est implanté en plein coeur de Buenos Aires, dans le quartier de Palermo Viejo. Cette halle au passé glorieux offre à plusieurs coopératives et organismes de production solidaire la possibilité d’avoir un étal indépendant, et ce trois jours par semaine.

 

Histoire du marché:

 

Dans les années 1910, non loin du fleuve Arroyo Maldonado, la famille présidentielle Alvear cède une parcelle de la banlieue de Buenos Aires à l’Etat,  pour y fonder le « Centre d’Approvisionnement Municipal »  de la ville, un grand marché où de nombreux producteurs de la province vendent leurs produits tous les jours. La famille entretien le lieu avec la seule condition qu’il garde sa forme originale de centre alimentaire. Jusqu’à la crise économique de 2001, le marché tourne très bien. Il est malheureusement abandonné et même détérioré suite aux évêvenements économiques qui paralysèrent le pays.

 

Grâce à l’apparition des assemblées de quartier au moment de la crise, ce domaine est réoccupé par « l’Assemblée de Palermo Viejo » avec pour objectif de récupérer cette icône populaire, symbole de l’identité culturelle du quartier. Quelques années plus tard, le premier Marché d’Economie Solidaire et de Commerce Equitable ouvre ses portes en ce lieu.

 

Nous rencontrons une des organisations principales de ce marché, le CEDEPO (Centro Ecuménico de Educación Popular).

 

« La Parcela », lieu de culture de l’organisme CEDEPO – Raul Ordoñez:

 

Le CEDEPO est un organisme de formation et de production d’agro-écologie. Nouvelle notion que nous rencontrons au cours de nos découvertes, elle ne doit pas être confondue avec l’agriculture biologique.

 

D’un côté, les aliments dits biologiques sont issus d‘une production gardant en ligne de mire la préservation du milieu environnemental tout en garantissant la santé du consommateur. L’utilisation des produits phytosanitaires (étymologiquement, phyto-sanitaire = « santé des plantes »), issus de la pétrochimie, est prohibée. Ils font partis de la famille des pesticides. De manière générale, l’usage d’engrais chimiques et d’organismes génétiquement modifiés est interdit. Cependant, l’agriculture biologique se rapproche de l’agriculture conventionnelle par la monoculture de plein champ, avec très peu de biodiversité et où le sol est beaucoup travaillé.

 

De l’autre côté, l’agro-écologie comme pratique agricole va plus loin. En plus d’utiliser le compostage comme fertilisant naturel des terres, l’agro-écologie incorpore une pratique visant à rechercher une complémentarité entre les espèces cultivées, certaines plantes apportant des minéraux essentiels au développement de leurs voisines. Ainsi, on obtient une culture variée de fruits, légumes…qui ne pousseraient normalement pas dans la région en raison du climat ! C’est alors l’ensemble des paramêtres de gestion écologique de l’espace cultivé qui sont pris en compte, avec notamment l’économie d’eau et une meilleure gestion de l’irrigation tout comme la lutte contre l’érosion des sols, l’utilisation de haies protectrices etc. L’agro-écologie est une pratique à l’échelle locale, devant avant tout garantir l’auto consommation.

 

A la fois centre d’éducation populaire et porte parole d’une coopérative de producteurs, le CEDEPO apporta au moment de la crise la culture de l’expérience aux habitants de Florencio Varena (banlieue sud de Buenos Aires), en leur donnant les moyens techniques et méthodologiques leur permettant de développer des jardins d’agro-écologie durables. Ainsi, une douzaine de familles ont développé au début des années 2000 des jardins individuels leur permettant de subvenir à leur propre consommation grâce à la variété des légumes cultivés. La florescence des jardins donne même lieu à un surplus de production, c’est pourquoi les familles se sont regroupées en une coopérative de producteurs locaux, afin de vendre l’excédant.

 

 

 

Raul Ordoñez est un des membres de la coopérative « La Parcela ». Ce jour là, c’est lui et sa femme qui viennent vendre sur le marché de Bonpland la production de l’ensemble de la coopérative. A en voir l’étalage vide en légumes, Raul nous confirme que « Le marché fonctionne bien, nous avons la chance qu’il y ait une demande importante de producteurs d’agro-écologie à Buenos Aires ».

 

Le CEDEPO s’étend maintenant à la permaculture, concept plus global  incorporant  l’agro-écologie mais aussi les techniques d’éco-construction (avec l’utilisation de la terre comme matériau naturel), les énergies renouvelables (solaire, éolien majoritairement), et une médecine alternative notamment grâce aux vertues des plantes médicinales. Un centre de santé communautaire est désormais ouvert à Florencio Varena.

 

Enfin, le CEDEPO administre aussi des microcrédits aux producteurs par l’intermédiaire d’une politique publique visant à développer l’agriculture péri-urbaine en Argentine.

 

Nous reviendrons sur ces notions agricoles dans les prochains articles, avec des pratiques plus détaillées.

 

Vos reporters sur place,

 

MG-MT